
« Mon papa est érythréen-italien et ma maman de Bâle-campagne. Je connaissais bien la Suisse et l’Italie. Mais mon père ne parlait pas trop du pays. Mon principal lien avec l’Erythrée étaient les fêtes, les connaissances et la nourriture évidemment (rires) ! Je vivais un peu mal le fait de ne pas parler la langue, le tigrinya. Souvent, quand je voyais des amis faire des allers-retours dans leurs pays d’origines, j’avais envie de faire de même. Avoir ce lien.
Mon père n’y était pas retourné depuis 30 ans, car il ne nous restait plus beaucoup de familles là-bas. En 2002, il y est finalement allé, mais seul. Malgré mon insistance pour y aller avec lui.
A son retour, j’ai continué à insister. Quelques années plus tard, en 2011, j’ai surpris mes parents et mon fils avec quatre billets d’avion pour Asmara. Je me réjouissais beaucoup de tout découvrir et pouvoir juger par moi-même ce double discours que l’on entend.
Pendant notre séjour, tout n’était pas un long fleuve tranquille. Il nous est arrivé plusieurs histoires étranges. Il y avait cette même personne que l’on reconnaissait à presque chacun de nos déplacements. Plus tard, une employée d’hôtel nous a discrètement indiqué qu’il s’agissait d’un agent de renseignements.
Alors que l’on s’apprêtait à passer plusieurs semaines à Massawa (au bord de la mer rouge), les autorités ont limité notre séjour à 7 jours. J’y ai découvert une ville magnifique, une vraie perle qui devrait faire partie du patrimoine de l’UNESCO. En plus, c’est la ville natale de mon père, ça me tenait vraiment à cœur d’y rester plus longtemps.
Plus tard pendant le séjour, un chauffeur de taxi s’est confié à nous. Il nous a dit qu’il survivait grâce à ses enfants à l’étranger et que la quantité d’essence donnée par les autorités aux pêcheurs et aux taxis privés avaient beaucoup été réduites. Il nous a dit qu’il ne valait mieux pas se plaindre car sinon des violences l’attendrait, voire de l’emprisonnement s’il persiste. «